« Dans les profondeurs secrètes de souterrains minuscules, entre des racines, parmi des scarabées dorés et des araignées explosives, j’ai découvert, enfoui depuis des lustres, un Gyroïde. Etrange et fascinante figure que ce cylindre anthropomorphe, avec sa posture symétrique et si peu naturelle, et son visage troué de spectre apeuré… Prestement déterré et ramené au vaisseau, l’objet a été analysé par l’ordinateur de bord… mais sans succès. Qui représente-t-il ? Pourquoi cette attitude ? La statuette décore désormais ma cabine de son aura étrange et étrangère. »
« Encore un gyroïde ! Après l’averse de cette nuit, j’en ai déterré un magnifique derrière la maison, sous les pommiers. Celui-ci est rouge, et quand on le met en marche il se tape violemment sur la tête. Je vais le déposer dans le salon, face à celui qui tourne sur lui-même en criant, et à côté de celui qui clopine avec un drôle de bruit. Je me dis souvent que ceux qui ont créé ces figurines hystériques ou autistes doivent être particulièrement torturés… Mais peut-être que personne ne les a créées et qu’elles naissent du sol, de la boue après la pluie ? »
« Des recherches à la grande bibliothèque m’ont appris qu’on trouvait trace des Gyroïdes sous des formes plus anciennes, quoi que toujours très reconnaissables. Ces statuettes sont toujours en terre, et ont toujours un cylindre pour base. Elles sont censées être les gardiens des morts… Ou peut-être les âmes de guerriers défunts ? Ce qui expliquerait leur expression torturée et leur attitude absurde et perplexe ? Mais je m’avance sans doute… J’ai appris aussi que leur vrai nom est « Haniwa » et qu’elles existent depuis au moins quinze siècles sur les vieilles tombes japonaises… Comment on a pu passer de statues funéraires à des jouets hoquetant et bringuebalants… C’est un mystère qui reste entier. » :)